Chanteuse aux pieds nus, sur scène, Anne-Marie Charles ne dévoile pas que ses petits petons, mais aussi sa sensibilité.
Paul Eluard ou Louise Labbé se sont certainement penchés sur son berceau, pour que cette enfant devenue grande leur rende un jour hommage.
Portés par une voix inclassable, qui oscille du grave au très aigu, les textes de la poétesse – chanteuse sont pleins de sensibilité et d’humour. Ils parlent de l’amour et de ces aléas, mais aussi de la guerre.
Parfois hardie, sa joie de vivre reste néanmoins toujours raffinée. Comme savent l’être certaines femmes. Et en vraie amoureuse de notre langue, elle joue avec les mots, comme on jongle. Un vrai feu d’artifice. Le jeu de scène est sobre, mais vivant et efficace. Et lorsqu’elle enjoint le public, à la suivre, il répond forcément présent.
Mais, Anne-Marie Charles n’est pas qu’une voix, c’est une musique aussi, et deux musiciens. Ces derniers ne cèdent en rien à la facilité, et distillent une musique définitivement contemporaine, et jazz. Tantôt au xylophone, aux triangles, ou à la batterie pour le premier, quand le second se partage entre accordéon et guitare. L’accompagnement est d’excellente qualité, avouant une complicité certaine entre les trois compères.
Bref, ce fut un moment à part, deux parenthèses dans une existence parfois trop réaliste. De l’amour ce samedi, il y en a eu, de la chanteuse au public, qui le lui a bien rendu. Un moment qu’il ne fallait pas rater.